Fous fous
Vendredi 16 octobre
Nous sommes déjà morts
Le professeur Samuel Paty a été décapité par un jeune Tchétchène musulman qui voulait ainsi, encore un, venger le Prophète. Le professeur avait utilisé une caricature de Charlie Hebdo en cours pour examiner la question de la liberté d’expression. Voilà qui a mérité la peine de mort islamiste.
Je recopie intégralement ce tweet de Saliah Bensafi, une collègue d’histoire de ce professeur assassiné : « Notre collègue professeur avait signalé les menaces et sa peur à sa hiérarchie qui lui a demandé de ne pas faire de vagues (sic). Notre syndicat SNEF/FSU a été alerté comme l’Académie qui a laissé faire (sic). Plusieurs parents d’élèves ont réclamé ouvertement sa démission. Nous sommes tous des lâches, on a le sang de sa tête décapitée sur les mains. J’ai honte. Personne ne veut plus enseigner en banlieues. On y recrute à niveau bac (sic) et seuls les étudiants issus de l’immigration comme moi sont volontaires. Malheureusement mes collègues ont soutenu les parents d’élèves qui sont venus se plaindre. La colère a grandi. Ils ont renseigné les plus virulents sur sa vie privée, ont donné son adresse et ses heures de sortie. Ce soir je les ai vus se réjouir. »
Qu’a fait l’État ? A-t-il engagé des poursuites contre les complices de cette décapitation ? Contre la hiérarchie de ces professeurs ? Contre le syndicat de gauche SNEF ? Contre l’inspection académique ? Contre l’inspecteur d’académie ? Contre le rectorat ? Contre la rectrice de l’académie de Versailles qui avait convoqué Samuel Paty pour le sanctionner, madame Charline Avenel, qui aura probablement de la promotion ? Contre les parents d’élèves qui attaquaient le professeur et ses collègues qui les ont soutenus ? Non, pas du tout. Ces gens qui ont du sang sur les mains peuvent continuer à vaquer à leurs petites affaires.
À l’évidence, la rectrice ne sera pas poursuivie : en 2018, Emmanuel Macron avait changé les règles de nomination des recteurs pour elle, parce qu’elle était une copine de l’ENA. Rectrice de la plus grosse académie de France, sans expérience, Charline Avenel s’apprêtait, dit-on, à punir Samuel Paty.
Macron a organisé une cérémonie à la Sorbonne avec un discours dont il a le secret, en se croyant encore sur les planches du théâtre de son collège avec ses pitoyables effets de voix gros comme le nez au milieu de la figure.
Y avait-il, dans cette assemblée de people politiques réunis dans la cour de la Sorbonne, de ces professeurs du secondaire qui n’ont que le bac, aux côtés, de leurs complices : ministres, recteurs, inspecteurs, syndicalistes qui, tous, mériteraient le tribunal ?
Oui, bien sûr…
La nef des fous.
Michel Onfray.
Bouquin, 2021.