
Hyperactf
Je n’arrive pas à ne rien faire
Lézarder au soleil, s’octroyer une petite sieste ou simplement décompresser, autant de douceurs de la vie que certains hyperactifs ne peuvent envisager. L’incapacité à tenir en place, l’activité quasi permanente, l’impossibilité de lâcher prise sont des symptômes très vite repérés chez l’enfant.
Les pédopsychiatres perçoivent cette hyperactivité comme une agitation « pathologique » gênante pour leur développement et leur équilibre. Curieusement, ce besoin constant d’activité n’est plus considéré comme un problème à l’âge adulte. Il est même « valorisé » dans l’univers professionnel où la compétitivité fait rage…
Fuir le vide
Pourtant, selon les psychanalystes, cette fuite en avant dans l’action, appelée hypomanie, est loin d’être une conduite anodine. Elle masque un état de mélancolie, une tristesse profonde. Comme l’explique la psychanalyste Hélène Vecchiali, se réfugier dans l’activisme est un système de défense réactionnel à une dépression. C’est une façon d’occuper le terrain psychique pour qu’à aucun moment n’émerge la sensation de vide que tous les êtres humains éprouvent fugitivement.
Objectiver le stress
Pour Gonzague Masquelier, qui pratique la Gestalt-thérapie, « l’activisme est une façon de justifier son anxiété chronique ». S’inventer des milliers de choses à faire, crouler sous le boulot même le week-end, c’est donner, à soi-même et aux autres des raisons « objectives » d’être stressés. Si certains stakhanovistes ont tant de mal à s’accorder ne serait-ce qu’une journée de détente, c’est qu’ils associent le fait de prendre du bon temps au péché capital de paresse. La seule solution pour échapper à leur surmoi intraitable, pour fuir leur sentiment de culpabilité (souvent hérité de leur éducation), c’est de multiplier les activités.
Faire plutôt qu’être
Les hypnothérapeutes, quant à eux, considèrent les hyperactifs comme de véritables « drogués » à l’adrénaline. Selon Olivier Lockert, « dès qu’ils ralentissent, ils se retrouvent en état de manque physiologique. D’où un regain d’activité et de stress pour obtenir une nouvelle dose plus forte d’adrénaline et éviter que le corps ne s’écroule ou somatise en ulcère, eczéma ou trouble cardiaque… »
En conclusion, une des principales raisons qui pousse quelqu’un à s’étourdir d’activités, c’est l’impression de ne pas être une personne suffisamment intéressante et « aimable » en soi. Les hyperactifs sont dans le « faire » au lieu d’être dans l’« être », explique Gonzague Masquelier. Ils soignent leur peur de ne pas être aimés en se rendant utiles, voire indispensables, aux autres, et se sentent insécurisés et sans valeur dès qu’il n’y a rien d’important à mettre en œuvre. En fait, c’est toute la question du sens et de la légitimité de leur vie qui se pose là, sans qu’ils en aient conscience.
témoignages
Nathalie , 30 ans, esthéticienne
Dans ma famille, la phobie de la paresse est héréditaire.
Personne n’a jamais vu ma mère se reposer ! Les rares fois où elle s’asseyait pour papoter ou regarder la télévision, elle sortait son tricot. Il fallait absolument que ses mains soient actives ! Dès qu’elle nous surprenait à rêvasser, elle nous houspillait, mes sœurs et moi : « Ne restez pas assises à vous tourner les pouces ! Vous n’avez pas de devoirs à faire ? » Du coup, de 6 heures du matin à minuit, je vis comme une pile électrique. Et je m’épuise.
100 conseils de psys pour corriger ces petits défauts qui nous gâchent la vie.
Christophe André.
Solar, 2015.



