La question à poser
La question à poser
Le Calife de Bagdad s’étonne que Nasreddin Hodja, dont la réputation de sagesse est grande, dédaigne constamment d’assister aux réunions de savants et de philosophes qui sont organisées dans le palais.
Ille lui fait savoir et lui donne même l’ordre d’assister à l’une de ces réunions. Le jour dit, Nasreddin se rend au palais sur son âne, mais il s’est assis en se tournant vers la queue de l’animal. Toute la ville le montre du doigt et se moque ouvertement de lui.
Il laisse dire.
Dans cet équipage il arrive à l’endroit où se tient la réunion des savants et des philosophes, autrement dit des sages, et ceux-ci se mettent à rire à leur tour.
Et certains lui demandent:
– Hé! Nasreddin! Tu es monté sur ton âne dans le mauvais sens! Tu t’en es rendu compte? Pourquoi es-tu monté à l’envers?
Nasreddin ne répond rien et les regarde.
Le Calife prend alors la parole et lui dit:
– Explique-moi pourquoi tu ne viens jamais à nos réunions, toi dont on vante partout la sagesse.
– C’est parce que je ne veux pas me mêler à de pareils imbéciles, répond Nasreddin.
– Tu prétends qu’ils sont des imbéciles?
– J’en suis sûr.
– Et à quoi le vois-tu? demande le Calife.
– Je le vois au fait qu’ils ne posent pas la bonne question.
– Quelle question posent-ils?
– Ils me demandent stupidement pourquoi je suis monté sur mon âne à l’envers!
– Et ce n’est pas la bonne question?
– Bien sûr que non!
– Alors dis-moi: quelle est la question qu’il faut poser?
– Il faut se demander très exactement ceci : est-ce que c’est Nasreddin qui s’est mis à l’envers? Ou bien est-ce l’âne qui s’est placé dans le mauvais sens?
Et il rentre chez lui comme il était venu.